Mon premier marathon

Mon premier marathon

Cela fait 3 semaines que je suis marathonienne. Il fallait au moins ça pour digérer cette expérience et vous la raconter comme il se doit.

Parce que bon, un marathon les gars ! 42 bornes !

L’inscription

J’ai couru mon premier semi-marathon en novembre 2014 à Marennes Oléron en 1h56, sans aucune difficulté. J’avais déjà fait des distances de 20km à plusieurs reprises. C’est sûrement pour ça qu’à l’arrivée, je n’ai pas eu cette sensation d’avoir fait un truc de dingue alors que j’avais toujours imaginé qu’il en serait ainsi.

Alors forcément, quand tu finis 1, puis 2, puis 3, puis 4 semi-marathons et que tu te frottes à des moyennes distances en trail (15-30km) les doigts dans le nez, l’envie d’aller un peu plus loin a vite germé. Oui, j’allais faire un marathon… un jour. Mais un marathon c’est du sérieux. Alors je me suis sagement auto-persuadée de m’inscrire quand j’aurais suffisamment de temps pour m’entrainer.

Sauf que :
– ce n’est pas demain la veille quand on travaille en free-lance ;
– c’est plutôt utopique quand on n’a jamais suivi la moindre prépa.

C’est en prenant conscience de cela que je me suis dit qu’il était inutile d’attendre. Alors, un fou matin de juin avec Adrien, on s’est inscrit. Notre course était déjà toute choisie car une dizaine de copains du Happy Running Crew avaient déjà formés des duos pour le marathon des villages à Lège Cap Ferret. La typologie de la course était parfaite pour nous : un peu de dénivelé, sable, escaliers, forêts, sentiers… Nous n’avons pas choisi le plus fastoche, mais qu’importe, nous savions pertinemment que, entourés de notre joyeuse bande de potes, la magie ne pourrait qu’opérer !

Découvrir du pays grâce à la course à pied est quelque chose qui me plaît plus que tout. En courant, tu vois plus de choses qu’en marchant, sans pour autant en perdre une miette. Pas étonnant que je me retrouve autant dans l’état d’esprit du trail ! C’est exactement comme ça que j’ai perçu mon marathon : j’allais me balader et découvrir la presque île du Cap Ferret pendant 4 à 5 heures.

La « prépa » marathon

J’ai regardé quelques plans d’entrainement, mais alors juste « regardé ». Tous à base de VMA, FCM, fractionnés, programmes, plannings et trucs relous… Tous trop psycho-rigides à mon goût. Je n’ai donc suivi aucun plan d’entrainement : ma « prépa » (haha) consistait à courir un peu plus longtemps que d’habitude soit 10km au lieu de 7 en semaine, 20km au lieu de 12 le weekend… A coup de 3 ou 4 sorties par semaine, le compte était bon.

En théorie. Car l’été, les vacances, la famille, les amis, la canicule et la vie tout simplement m’ont bien occupés ! J’ai réussi a cumuler ces 42km hebdomadaires à 6 reprises soit la moitié du trimestre précédant le jour J. De toute façon, j’étais prête. De toute façon, c’est dans la tête ! Je n’ai jamais douté de ma capacité à franchir la ligne d’arrivée et tel était mon seul objectif. Hors de question de faire des plans sur la comète sur une potentielle arrivée en X heures. Mon but étant de le terminer avec l’envie de recommencer !

J’ai mis à point d’honneur à bien me reposer et à bien me nourrir la semaine qui précédait le grand jour. Pas stressée pour un sou, j’ai dormi comme un bébé la veille ! Pourtant l’excitation était à son comble, j’avais hâte, trop hâte d’y être, depuis le jour de l’inscription.

Happy Running Crew

18 octobre : le jour J ! Mon premier Marathon

On y est enfin. On y est ensemble. Quelques photos, beaucoup de sourires, d’encouragements et plein de bonnes ondes. Comment ne pas partir sereine quand on est si bien entourée ? Le départ est donné, sous une pluie fine, à 9h30. Tu sais quand tu pars mais tu ignores quand tu termineras !

J’ai toujours pour mauvaise habitude de partir comme une flèche. Heureusement, cela bouchonne pendant les 2 premiers kilomètres ce qui calme mes ardeurs ! Le marathon forme deux boucles : une première de 16km et une seconde de 26. La première, c’est l’échauffement ! J’essaie de me caler sur un rythme de 6min/km. Très vite, la pluie cesse pour nous offrir une température idéale pour courir. Quelques bonnes petites montées et 16km plus tard, me voici de nouveau au point de départ, lieu de passage du relais, après 1h34 de course. Je croise les bouilles familières d’Hélène et Alexane qui m’encouragent, je me fais interviewée à la GoPro et je suis prête pour entamer la seconde boucle !

Je m’interdis de compter les kilomètres qui me séparent de l’arrivée. Je ne veux pas faire tout un plat de ce marathon. C’est une balade du dimanche et rien d’autre ! Alors zou, prochaine étape : aller voir le phare ! Je passe sous l’arche du semi-marathon après 2h06 de course. Je me sens parfaitement bien et oh joie, ma copine Alexane qui court en duo me rejoint. Ensemble, nous allons jusqu’au fameux phare du Cap Ferret. Je m’accroche derrière elle. J’ai encore l’image de sa jolie coiffure tressée et de son prénom floqué au dos de son t-shirt. Alexane m’encourage, me fait rire et je suis consciente de la chance que j’ai de pouvoir partager ce moment avec une amie. Maintenant, on se dirige jusqu’à la pointe de la presqu’île. Jusqu’au 28° kilomètre j’arrive à maintenir un rythme entre 6 et 6’30. Et puis, une petite douleur au genou droit se fait ressentir. Il faut dire que je n’ai pas les meilleures chaussures pour cette épreuve et que j’ai déjà 3h de course dans les pattes. Pas étonnant que cela se fasse ressentir ! Je m’arrête plus longtemps aux ravitaillements, je passe au dessus les 7min/km mais me ressaisis au 32° quand Alexane me quitte avec un grand sourire et un regard bienveillant en me disant « Allez, plus que 10km !!! ».

Et puis au 34°, c’est le drame. J’arrive à un ravitaillement où, comme à chaque fois, je prends le temps de marcher pour boire et avaler 2 sucres (pas de glucoses ou de gels pour moi, merci mais non merci). Nous allons entamer 4km dans la forêt et une bénévole crie « ravitaillez-vous bien, si vous faites un malaise en forêt personne ne viendra vous chercher ». Ah bon ? D’accord, aherm.

Inconsciemment, je pense que cette dame m’a tué. Et ce fameux mur, je l’ai pris en pleine poire. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je n’ai jamais ressenti une telle douleur. Pourtant, tout semble aller pour le mieux : j’ai la pêche, le sourire, le souffle et l’énergie. Mais mes genoux refusent de fonctionner, ils sont comme verrouillés, ils me disent « STOP ». S’en est suivi 20 bonnes minutes très difficiles. Je m’étire, je m’accroupis, je marche, je trottine, je m’arrête mais je ne cours plus, je ne peux plus. Et pourtant, pas une seconde l’idée d’abandonner m’a traversée l’esprit. Ce marathon, je vais le terminer, même en rampent.

Et puis, aussi soudainement que c’est venu, je réussis à courir à nouveau, lentement mais sûrement, à 8min/km. Sortir en vie de cette fichue forêt me re-booste : il ne me reste plus que 4km et le plus dur est derrière moi. Prochaine étape : aller jusqu’aux fameux escaliers du 39°. On en avait tellement parlé avec les copains !
J’ai le sourire jusqu’aux oreilles, plus aucune douleur à signaler et tellement hâte de franchir cette ligne d’arrivée. Tout va pour le mieux ! Ces derniers kilomètres sont du pur bonheur. De quoi effacer en une fraction de seconde ce passage difficile en forêt.

Une bénévole m’annonce au 40ème qu’il est 14h30 ! Il y a beaucoup de monde sur cette partie du parcours et les encouragements vont bon train. On m’applaudit, on me sourit, on m’encourage et c’est maintenant mes zygomatiques qui deviennent douloureux. Imaginez, une demi-heure à sourire non-stop ! Le plus génial dans l’histoire c’est que de parfaits inconnus crient « HAPPY Chloé » à mon passage ! Happy pour le t-shirt que je portais ce jour à l’effigie du crew, suivi de mon prénom qui est inscrit sur mon dossard. Happy Chloé ! Happy Chloé ! Happy Chloé ! 🙂

blog running marathon
Marathon des Villages Cap Ferret

Et je gambade, beaucoup trop peinard, jusqu’à cette arche. Tout sourire, tout tchuss, toute happy. Ma montre m’indique un retour à un « rythme normal » entre 6min et  6min30/km. Quand soudain, à 500m de l’arrivée, j’aperçois un trio de copines qui m’attend. Rindra, Hélène et Manon. Je saute de joie (oui en courant c’est possible) et je suis submergée d’amour lorsque je réalise qu’elles vont m’accompagner pour ces derniers mètres. Je suis tellement euphorique que mes jambes déroulent toute seule. Je vais vite, vite, vite.

Et puis Eva et Alexane nous rejoignent. Et j’aperçois Clémentine, puis Aude, puis Adrien ce gros nigot qui fait semblant de me faire un croche-patte. Et puis ça y est, je franchis l’arche, après 4h42 d’effort. Un bénévole me met une belle médaille autour du coup, je lève les bras en l’air, je suis marathonienne.

Cette fois ci, je peux le dire : oui, à l’arrivée, j’ai eu l’impression d’avoir fait un truc de dingue.

Courir un marathon
Ligne arrivée marathon
Blog running marathon
Médaille marathon

Et après ?

S’en ai suivi un moment d’euphorie, de joie, de fierté, d’excitation. Un moment unique chargé d’émotions. J’ai tout raconté à chaud sur SnapChat. Et puis j’ai pleuré. Des grosses larmes, comme si l’événement m’avait dépassé. Je réalise ce que je viens d’accomplir et tout ce que j’ai vécu en 4h42. Ce marathon, c’était comme courir plusieurs courses en une. Tellement de sensations différentes au fil des kilomètres, tellement de souvenirs, de paysages, de visages… C’était de loin le dimanche matin le plus mémorable de tous. Mon pari était réussi : participer à mon premier marathon sans préparation, le terminer avec le sourire et vouloir se réinscrire.

Un parfait brunch entre amis plus tard, retour sur Bordeaux avec son lot de courbatures. Très vite les douleurs se sont dissipées. A tel point que mercredi, je bouillais déjà de re-chausser mes baskets. Je me suis fait violence en m’imposant une trêve de 8 jours. Même si l’envie de courir était belle et bien là à J+3. Je tenais à reposer mon petit corps et ne pas négliger l’effort qu’il avait subit.

Depuis, j’ai repris sur des petites distances entre 7 et 10km, je me suis inscrite à ma prochaine course et j’ai regardé le calendrier des marathons en France. Il est certain que je me réinscrirais. Je ne sais pas quand, je ne sais pas où mais pour sûr, ce marathon était le premier d’une belle série. Cela sera au feeling, comme d’habitude.

Outre un second marathon, cette expérience m’a prouvé que je pouvais être endurante. 4h42 d’effort si c’est pas de l’endurance ! C’est comme si j’avais enchaîné 7 matchs de basket. Folie douce. Alors si je peux affirmer une chose c’est que, d’autres courses, il y aura. Plus que tout j’ai envie de me frotter à des moyennes distances sur des courses natures ou des trails entre 20 et 40km. Mais surtout, continuer de m’épanouir et m’amuser autant grâce au running, c’est tout ce qui importe.

Sur ce, je remercie tous les endurants de la lecture qui sont arrivés au bout de ce roman.

Si vous voulez en savoir plus sur le marathon des villages de Lège Cap Ferret, voici une vidéo YouTube pour vous parler de l’organisation, du parcours et du déroulé de la course. N’hésitez pas à aller lire les impressions d’Adrien sur son premier marathon !

A très vite,
xx Chloé

Vidéo Compte Rendu