BLOGTRIP : l’envers du décor

Blogueur Dominique Capital


À quelques petites heures de mon passage sur Capital, je me devais de vous retransmettre mon avis sur les blogtrips afin de vous raconter ce qu’est vraiment l’envers du décor, sans censures, sans raccourcis, sans mauvaises interprétations.

On va carrément prendre l’exemple médiatisé : celui de l’île de la Dominique. J’ai été invitée fin janvier par Interface Tourisme qui gère l’Office de Tourisme de la Dominique à participer à ce blogtrip. Rien qu’à l’intitulé du mail « L’île de la Dominique recherche ses nouveaux aventuriers », je savais que le programme allait me plaire ! Pas manqué à la lecture de celui-ci : j’allais découvrir une île des caraïbes authentique, naturelle et sacrément belle.

Quelques semaines après avoir accepté ce blogtrip, on m’annonce qu’il serait suivi par une équipe de reporters pour le magazine de Capital. Ma première impression est très mitigée : d’un côté, je suis ultra contente car c’est une expérience unique mais de l’autre, je redoute de devoir confier mon image à une grande chaîne de télévision… Et puis j’ai échangé avec la journaliste Lorraine de la société de production Babel Press. Elle m’explique le pourquoi du comment du reportage et ça me rassure sur ses intentions. Elle veut suivre un blogtrip pour montrer comment les offices de tourisme et les blogueurs travaillent ensemble. Elle me parle aussi de son envie de mettre en avant la diversité de contenus proposés par des blogueurs qui vivent pourtant la même expérience. Pour moi qui suis toujours très transparente sur ma façon de bloguer, j’ai trouvé que le sujet tenait vraiment la route et j’ai donc accepté d’y participer. Ce qui est assez ironique c’est que là, tout de suite, maintenant, j’ai à nouveau ce sentiment d’excitation mitigé à mi-chemin entre la joie et la peur ! Car non, je n’ai pas vu le reportage avant sa diffusion mais seulement la bande annonce et le titre de l’émission : « Vacances gratuites : et si c’était possible ? » qui ne colle pas du tout à ce qui avait été annoncé initialement !

Alors parlons-en, de ce blogtrip ! Je vais tout vous raconter et dans les moindres détails 😉

Qu’est-ce qu’un blogtrip ?

Un blogtrip, comme son nom l’indique, c’est un voyage de blogueurs. Les offices de tourisme convient un certain nombre de blogueurs (généralement entre 5 et 10) pour leur faire découvrir leur destination… Pour l’office de tourisme, l’intérêt est de se faire connaître à travers les publications du blogueur et de pouvoir toucher sa cible. En d’autres termes, l’office de tourisme va pouvoir se faire un peu de pub auprès des lecteurs du blogueur puisque ces derniers vont être amenés à connaître voire apprécier un nouveau pays, une belle région ou une ville surprenante. Au vu de la professionnalisation des blogs qui proposent de plus en plus un contenu tiré par quatre épingles, c’est une belle opportunité pour l’office de tourisme qui bénéficiera de leurs qualités rédactionnelles et/ou leurs talents de photographe et/ou leurs communautés actives.

Et moi dans tout ça ? J’ai la chance d’être invitée à découvrir une destination sympa dans les meilleures conditions puisque nos hôtes ne sont autres que les offices de tourisme en personne ! Ils connaissent sur le bout des doigts les plus beaux lieux à visiter, les meilleurs hôtels pour séjourner, les plus gourmands des restaurants ou encore les activités à ne pas rater. Cela me permet aussi de pouvoir créer un contenu sympa qui change de l’ordinaire et croyez-moi, quand on travaille en free-lance environ 10h par jour et 7j/7 à domicile : ça fait du bien de lever le nez un tout petit peu.

NON, UN BLOGTRIP, CE N’EST PAS DES VACANCES.

Ma vision des vacances est la suivante. Peu importe que l’on soit dans les Caraïbes ou à Pétaouchnok, tant que je suis bien entourée de mes proches, ma famille ou mes meilleures amies, c’est tout ce qui compte. Ce qui est vraiment cool en vacances, c’est de ne pas avoir d’horaires : on fait ce qu’on veut quand on veut, pas de pression, doigts de pieds en éventail, partie de belote et écriture de cartes postales (très important!).

Je suis parfaitement consciente que ça puisse en faire rêver plus d’un de partir à l’autre bout du monde tous frais payés. Mais attention, il ne doit pas y avoir d’amalgame : ces blogtrips sont d’ordre professionnels. Est-ce que vous diriez à un commercial qui voyage pour rencontrer ses clients à l’étranger qu’il part en vacances ?! Est-ce vous diriez à un journaliste (de Capital par exemple) qu’il va sur un lieu de tournage exotique pour se prendre des petites vacances ? Certainement pas ! Le problème ici, c’est qu’il y a des métiers qui sont plus ou moins bien rentrés dans les mœurs. Celui de blogueur est encore trop méconnu et complètement déconsidéré.

Dans le cadre d’un blogtrip, je suis donc invitée pour valoriser une destination sur mon blog et sur mes réseaux sociaux. En fait, on est dans le cadre d’une prestation offerte type « test de produit » (ou en l’occurrence, « test de destination »). Si cela s’avère convaincant, alors forcément, je vais avoir envie et même besoin de vous raconter tout ce que j’ai vécu. L’office de tourisme en est bien conscient et va donc se démener pour que les blogueurs repartent avec des paillettes dans les yeux ! Et forcément, quand le blogueur est content, le blogueur écrit.

OUI, le voyage est intégralement pris en charge par l’office de tourisme. Mais dans la vie, rien n’est gratuit ! Ce n’est pas pour mes beaux yeux que l’on me fait venir à tel ou tel endroit, mais plutôt dans l’espoir d’avoir des parutions sur mon blog et mes réseaux sociaux. Pour ma part, si j’accepte de participer à un blogtrip, c’est que je suis persuadée que l’expérience va me plaire et que j’en parlerai. Je n’ai vraiment pas de temps à perdre à « partir pour partir » donc je sélectionne minutieusement les voyages blogueurs auxquels je participe. Je trouve toujours ça très excitant mais les enchaîner ne me fait pas du tout rêver… Les déplacements à répétition sont fatigants et un poil stressants. De toute façon, avec la tonne de boulot que j’ai en travaillant à mon compte, je préfère me réserver un peu de temps pour passer de précieux moments avec mes proches.

On continue avec le jeu des 7 différences ! Contrairement à des vacances, quand on part en blogtrip, on ne choisit pas les personnes qui nous accompagnent, ni ce que l’on va faire. Le groupe de blogueurs est prédéfini par l’office de tourisme en fonction de ses objectifs de communication. Par exemple pour la Dominique, il fallait des blogueurs baroudeurs mais aussi des profils qui touchent des cibles différentes. Si la Dominique a organisé ce blogtrip, c’est parce que cette île, méconnue des français et bien souvent confondue avec la République Dominicaine, a besoin de faire découvrir ses richesses naturelles, sa diversité touristique et tout le travail réalisé pour remettre l’île en état après la tempête Erika de l’été 2015. Il y a un vrai enjeu pour l’office de tourisme.

Sur ce blogtrip,
j’étais la seule blogueuse dite « lifestyle » parmi 3 blogueurs spécialisés dans le voyage. Tous ont eux-mêmes leur petite particularité : Benoît et Pauline avec leurs vidéos, Brice et son webzine ultra suivi et Capucine qui gère 3 blogs à elle seule. Chaque blogueur est unique, il en va de même pour son lectorat ! Personnellement, je me suis toujours très bien entendue avec les groupes avec qui je partais, mais avant le départ ça reste au mieux, des gens que j’ai déjà croisé sur un autre événement ou au pire, de parfaits inconnus. Bien sûr, il y a des affinités plus ou moins fortes avec certains blogueurs mais comme je suis très sociable, cet aspect-là ne me fait pas peur. J’aime les gens, j’aime les rencontrer, j’aime apprendre à les connaître… Mais vous comprendrez que ce n’est pas du tout la même ambiance que si c’était mon mec, ma petite sœur ou ma meilleure amie. Finalement, c’est comme partir à l’étranger avec des collègues de travail, sauf que ces collègues là, on ne les voit que très rarement puisque chacun travaille à domicile. Par contre, même dans le cadre professionnel, je trouve indispensable de lier l’utile à l’agréable en instaurant un climat convivial comme c’était le cas en Dominique où notre joyeuse troupe s’est très bien entendue.

S’ajoute à cela le programme qui est, lui aussi, imposé. Il est bien sûr fourni avant le départ pour savoir dans quoi on s’engage mais il n’est ni flexible, ni adaptable au cas par cas. Alors forcément, toutes les activités ne peuvent pas faire l’unanimité puisque l’on part à plusieurs. Il doit y avoir majoritairement des choses sympas à faire et à voir, pour que je fonce en fermant les yeux sur les petites choses qui me plairont moins. Par exemple, les activités qui m’ont le moins séduite en Dominique sont le cours de cuisine créole qui s’est un peu éternisé et l’atelier fabrication de chocolat qui ne comprenait même pas de dégustation (sérieusement?!).  Pourtant, vous me connaissez, je suis gourmande… mais les activités éducatives m’ennuient vite. Je préfère quand il y a de l’action avec des activités qui bougent plutôt que de m’enfermer sagement dans une pièce. C’est ma façon de voyager : j’aime aller courir, randonner, marcher, découvrir avec mes petites jambes et mes grands yeux émerveillés. D’ailleurs en parlant de ça, quand on dit « randonnée » lors des blogtrips, j’ai compris que cela n’avait rien à voir avec le type de rando que j’aime et que je pratique avec mon guide de montagne. Petite anecdote en Dominique, il était noté dans le programme du jour 3 « randonnée à Titou Gorge et au lac Fresh Water ». Je me suis donc habillée pour marcher, avec mes chaussures de rando, un legging, un débardeur de sport, un sac à dos : la totale. Tout le monde m’a demandé si j’étais allée courir à la vue de ma tenue. Ils étaient tous habillés à l’accoutumée avec shorts et tennis en toile. « Heuuu y avait écrit randonnée les gars ! ». En fait, on a passé la journée dans un van avec notre chauffeur habituel qui nous déposait de lieu d’intérêt en lieu d’intérêt. Si j’avais vraiment été en vacances avec mon mec dans cette île, croyez-moi, on aurait randonné avec un grand R car les terres dominiquaises s’y prêtent réellement. J’y retournerai donc volontiers dans ce cadre là d’ailleurs.

Comment les blogueurs travaillent en blogtrip ?

L’office de tourisme veut montrer le maximum de jolies choses en un minimum de temps donc tous les jours du blogtrip sont hyper chargés. En Dominique, on était généralement en activité de 8h30 à 19h et ensuite, on dînait en groupe. Avec de tels horaires, on n’a quasiment pas le temps pour faire d’autres activités ou pour travailler sur d’autres projets. Moi qui court habituellement 3 fois par semaine (au-delà d’une passion, c’est un besoin), je dois à chaque fois jouer des coudes pour dégager 40min de running pendant un blogtrip. Cet aspect là ne me dérange pas plus que ça : je le conçois et le comprends parfaitement puisque ce ne sont pas des vacances !!! 

Ce qui est un peu plus compliqué à gérer, au vu de la densité des plannings, c’est de continuer à travailler sur d’autres projets, à répondre aux centaines de mails que je reçois quotidiennement, à publier de nouveaux articles sur mon blog. En Dominique, je ne pouvais bosser que 2 à 3 heures par jour, isolée dans ma chambre. Avec le décalage horaire, ça tombait bien, j’étais levée à 5 ou 6h du mat’ ! Ce temps-là, je ne l’utilisais pas pour profiter des piscines luxueuses des hôtels, ni pour faire bronzette, loin de là ! C’était LE moment où je devais être ultra productive et faire, en quelques heures, ce qui me prend habituellement la journée. Oui, c’est un pari perdu d’avance, mais l’enjeu, pour moi, est de prendre le moins de retard possible car je sais que les « après blogtrips » sont intenses pour rattraper tout le boulot que l’on n’a pas pu faire en étant en déplacement.

Pendant le blogtrip, c’est simple, je suis toujours scotchée sur mon téléphone. Vous l’aurez remarqué, mes story SnapChat sont 3 fois plus longues qu’habituellement et mes publications Instagram plus fréquentes. Les réseaux sociaux jouent un rôle essentiel car ils représentent du contenu créé en temps réel. Vous pouvez donc découvrir la destination en même temps que moi, avoir mon ressenti et mes impressions à chaud et l’intime sensation de voyager à travers mes publications. On vous montre la destination sous son meilleur angle, grâce à des outils de partage simples et rapides pour que vous n’en perdiez pas une miette. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que si je publie une photo de moi qui fait la fofolle sur la plage ou une photo de la magnifique piscine de l’hôtel, cela ne veut en aucun cas dire que je me suis fait dorer la pilule sur du sable fin pendant toute la journée ou que j’ai profité des transats pour me la couler douce. Ça, c’est ce que VOUS vous pourriez faire en allant en vacances à la Dominique ! Et c’est comme cela, en créant du contenu valorisant autour d’une destination, que le blogueur participe à sa promotion.

Ensuite, pendant le blogtrip, je pense toujours à ce que je vais pouvoir créer. Combien de tenues du jour dans des lieux atypiques vais-je pouvoir faire ? Quand, comment et avec qui vais-je pouvoir organiser mon shooting ? Est-ce que je peux me mettre en scène dans ce lieu pour faire une photo Instagram sympa ? Par exemple, en Dominique, c’était assez compliqué au départ car j’étais la seule blogueuse lifestyle à devoir photographier des looks du jour… On a mis plusieurs jours avant de pouvoir faire mon shooting et je n’ai pu immortaliser qu’un seul look grâce à l’aide de Capucine. Même combat pour mes photos Instagram. Au départ, je ne voulais pas embêter les autres à me prendre en photo dans le décor selon quelques petites directives artistiques, mais finalement, c’était trop bête de ne pas en profiter pour faire de belles photos. Alors j’ai coaché Clarisse, notre accompagnatrice, et elle a su prendre de chouettes clichés pour mon compte Instagram. Après tout, on est là pour ça, rien que pour ça.

Mais je dois avouer que c’est un peu déroutant de devoir créer du contenu sans avoir tout le confort quotidien habituel. Pour tout l’aspect photos, je travaille avec mon mec, Adrien, photographe officiel. Non seulement il touche sa bille en photographie mais en plus, il connaît exactement mes goûts, mes envies et mes attentes. Pas de perte de temps, on a nos petits rituels et on réussit à être productifs rapidement. Et puis si jamais ça ne me plaît pas, je n
‘ai pas besoin de prendre des pincettes pour le lui dire haha. En Dominique, je n’ai pu faire que 3 articles sur le blogtrip alors que pendant mes vacances (cette fois-ci) en Martinique avec Adrien et ma cousine, j’en ai fait le double (3 articles voyages et 3 looks). Pour ces destinations, je n’avais aucune obligation quant à la quantité de publications, ni par rapport à l’office de la Dominique qui m’avait invité et encore moins du côté de la Martinique puisque c’était des vacances choisies depuis la période de Noël et que je n’ai eu aucun contact avec l’office martiniquais. Je suis une blogueuse passionnée alors je saute sur chaque occasion de créer du contenu sympa et c’est un jeu d’enfant lorsque je suis accompagnée d’Adrien ! Certains offices de tourisme le comprennent et nous ont d’ailleurs déjà proposé de partir ensemble pour faciliter la création de contenu. Ce sont pour moi, des conditions optimales pour travailler.

Si le temps me le permet, j’aime bien pouvoir publier un article pendant le blogtrip. Cela nécessite au moins 2 à 3h de travail pour des articles tenues du jour, mais je trouve ça sympa d’avoir un relai sur le blog en temps réel plutôt qu’un look plus ancien photographié à Bordeaux. En Dominique par exemple, je vous ai publié cette tenue avec ma robe en jean. Cela m’a coûté quelques heures de sommeil et j’ai presque failli louper l’heure de l’apéro mais encore une fois, c’est ce pourquoi je suis là ! Après le blogtrip, c’est là que je trie toutes mes photos de paysages prises avec mon réflex. En fonction des belles images que je ramène de voyage, je prévois un ou plusieurs articles type « carnet de voyage ». Ce sont des articles qui prennent beaucoup de temps à concevoir, entre les retouches photos et la rédaction. En plus de travailler pendant, on ramène aussi beaucoup de boulot à la maison. Cela s’additionne à tout le retard que l’on a pris en étant à l’étranger… Les jours suivant les blogtrips sont donc tout aussi intenses, mais cette fois-ci, pas d’activités au programme, mais des journées entières avec les fesses vissées à la chaise de bureau…

J’espère avoir pu mieux vous éclairer sur la face cachée des blogtrips. Ce sont indéniablement des expériences incroyables mais ne sont en aucun cas des vacances pour le blogueur. Nous sommes de vrais porte-paroles auprès de la destination et nous devons travailler énormément pendant et après le blogtrip. Mais ça, peut-être que vous vous en doutiez, vous, mes fidèles lecteurs ?

Voyons-voir si Capital retransmet comme il se doit notre blogtrip sur l’île de la Dominique…

À toute suite sur le petit écran (alala le stress!!!!).
xx Chloé